Actuellement, en France de plus en plus de créations chorégraphiques représentent la fusion des cultures, le mélange d’art traditionnel et contemporain. Ce phénomène rencontre un grand succès auprès d’un public curieux de nouveauté et lui-même composé d’une population de cultures diverses.
« Souvent avec le flamenco, il y a les aficionados et les autres. Moi je faisais plutôt partie des autres. Il a fallu une recherche thématique sur les musiques des gens du voyage pour que je m’y intéresse. Sans être conquise : les spectacles de flamenco alliant musique et danse s’en tenaient à la mise en œuvre d’une forme traditionnelle et ne distinguaient que par la performance technique.
Découvrir Secret Aria a véritablement été une émotion : les codes du flamenco y deviennent un matériau que Cécile Apsâra cisèle, avec amour et en connaisseuse, jusqu’à faire émerger un univers artistique personnel. Un univers où les inquiétudes de la femme se manifestent à travers une dramaturgie pleine d’humour et une scénographie inventive.
Cette démarche rencontre ma préoccupation pour les recherches artistiques qui mettent la tradition au service de la création. Le travail de Cécile Apsâra constitue une occasion rare de faire sortir la danse du ghetto folklorique ou communautaire et de la faire découvrir à un plus large public sous une forme ouverte, qui laisse autant place au talent du chorégraphe que de l’interprète. Une occasion aussi d’aborder un secteur peu exploré : celui des nouvelles danses traditionnelles. »
Sophie Fontenelle
Directrice des affaires culturelles de la Ville de Fresnes
Contenu de la création
Cette pièce développe, au travers de la danse, de la musique et de l’expression théâtrale, une réflexion sur la femme au travail, dans la société contemporaine. Une réflexion qui s’exprime avec un langage aussi ancestral qu’actuel, le flamenco.
Les deux premières parties ( Révolte du bureau : SECRET ARIA, Duel avec l’autorité : Secret aria II) ont déjà été présentées lors d’étapes de création. C’est la troisième partie et sa liaison aux autres qui va clôturer le travail de création pour donner naissance à PASSION ARIA.
Révolte du bureau :
Cinq secrétaires au travail asservies à leur machine à écrire dans la monotonie et la routine
Duel avec l’autorité
Après la révolte du premier moment, les secrétaires entrent en conflit avec leur hiérarchie : le chef (danseur ), qu’elles parviennent à évincer.
Cohabitation hommes femmes
La troisième partie du spectacle ouvre le champ des possibles quant aux relations entre les hommes et les femmes. Dans un premier temps le chef est saisi par le doute, la subite absence du corps féminin le laisse en proie à l’affliction. Ce vide nourrit ses tourments et sa remise en cause, c’est lui maintenant, sous l’impulsion de son nouvel état d’esprit, qui redéfinit l’espace : passant de l’ancien lieu de travail pour le transformer en un autre espace, désormais celui de l’expression, de toutes les expressions.
C’est dans ce cadre que vont prendre corps les différences et les similitudes entre les hommes et les femmes, leurs accords et désaccords. Individuellement d’abord se rencontrent par la danse le personnage du chef et celui d’une des secrétaires. Ceux ci explorent les modes d’approches traditionnels et s’engagent vers d’autres voies. L’arrivée de ses deux acolytes, font ressortir chez le chef son attitude de mâle dominant. Seul l’enthousiasme de la danseuse tisse un lien original qui dépasse les anciennes rivalités, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de se retrouver.
Mais si l’unanimisme trouve pour un moment droit de cité au sein de cette communauté, les difficultés d’antan restent sous jacentes et font reparaître la discrimination entre les deux sexes. Avec ce retour néfaste, hommes et femmes se rejoignent à nouveau dans l’expression de leur douleur, ce n’est qu’ensemble qu’ils parviendront à instaurer de concert des rencontres et des modes de vie foncièrement différents.
Norbert Mainpin
Démarche de création
Les différentes étapes de création de ce spectacle ont été le lieu d’expérimentations, de recherche de matières chorégraphiques et musicales. A partir de ces éléments, la construction de la pièce prend forme et dans la troisième partie s’impose le thème de la relation à l’autre. Des personnages masculins apparaissent et les femmes dansent avec eux pour rechercher comment modifier leurs existences et apporter de nouveaux points de vue. Cette vie qui évolue modifie les contenus habituels du flamenco et la recherche musicale et chorégraphique permet de jouer avec les influences multiples qui traversent les modes d’expressions.
La richesse de l’apport des musiciens d’une part et des danseuses interprètes, à la fois flamencas et danseuses contemporaines, laisse prévoir la possibilité d’invention de danses nouvelles, d’un flamenco original, contemporain.
Qu’ils soient de Rennes, Paris ou Séville, les artistes, danseurs, chanteurs et musiciens, piétinent les planches de la scène pour dire ce qui les concernent directement aujourd’hui.
Dans ce spectacle, j’utilise le flamenco dans une de ses vocations premières : un moyen d’exprimer l’oppression, la frustration, le désir… On ne parle plus de galères ou d’Inquisition mais de double journée de travail, de violence physique ou de harcèlement sexuel.
Cécile Apsâra
Collaborations artistiques
Chorégraphe : Cécile Apsâra
Mise en scène : Eric Houguet
Création musicale : Mathias Berchadsky et Cédric Diot
Création rythmique : Cécile Apsâra et Manuel Soler
Scénario : Norbert Mainpin, Cécile Apsâra, Eric Houguet
Textes des chants: Compagnie APSÂRA, Jose Luis Ortiz Nuevo, répertoire traditionnel
Interprètes
Chant : Alicia Acuña, Alberto Garcia
Guitare : Cédric Diot
Danse : Cécile Apsâra (la martyre) , Myriam Allard (la Negra), Diana Regaño (la Madre), Charlotte Cabanis (Lolita), Antonio Arrebola (le Chef)
Collaborations techniques
Costumes et scénographie : Cécile Apsâra et Sophie Lambert, Myriam Rault
Sonorisation : Eve-Anne Joalland
Création lumière : Marianne Pelcerf et Léry Chédémail
Fabrication décors : Pierrick Guillemaud
Régie : Association Apsâra Flamenco
Attachée de production, relation presse: Emmanuelle Paty-Lacour
Production : APSÂRA FLAMENCO
En partenariat avec la Grange Dîmière-Ville de Fresnes, l’ACSA de St Avertin
Avec le soutien de la Région Bretagne, du Conseil Général d’Ille et Vilaine pour l’aide à la diffusion, de la Ville de Rennes
Prêts de studios: le TRIANGLE / Plateau pour la Danse
Machines à écrire : AFOBAN Centro de Formación Sevilla
Remerciements à Véronique Bouvet et Neige Scariot
« Cécile Apsâra appartient à une nouvelle génération de chorégraphes qui, comprenant que l’art est chose vivante mais sérieuse, nourrissent leur langage gestuel d’une tradition qu’ils mettent en prise directe avec leur époque.
Profondément libres vis-à-vis des styles, peu leur importe qu’il s’agisse de ballet classique, de new wave ou de flamenco, ils dominent en revanche solidement la ou les techniques choisies. Celles-ci deviennent alors parfait instrument d’une sensibilité contemporaine. Connaissant les codes, ils redeviennent intéressants s’ils sont utilisés différemment.
Cécile Apsâra, interprète de feu et de passion, s’empare de la tradition flamenca pour dire avec force des choses d’aujourd’hui. Dans son spectacle, cinq filles secrétaires vont passer de la soumission à la rébellion au crépitement des machines à écrire qui remplacent les castagnettes et transformer le bureau en champs de revendication. Humour, fureur. orgueil et séduction, toute la palette de sentiments s’exprime à travers un flamenco que Cécile Apsâra tout en respectant sa rigueur, rend inattendu et passionnant.
Avec elle, on rit, on s’émeut, on s’enflamme, bref, on se sent concerné.
Serait-ce qu’à l’épreuve du passé le présent se dit mieux ? Un présent que Cécile Apsâra, chorégraphe, n’a pas fini de décrypter. »
Sonia Schoonejans Réalisatrice de “Un siècle de Danse”